La photographie est arrivée dans ma vie lorsque j’étais étudiant à Grenoble. Quand j’y repense encore maintenant, je n’arrive pas vraiment à expliquer quelle en est la genèse. Peut-être que le vieux réflex que trimbalait mon oncle lorsque j’étais gamin, et les séances de visionnages de diapos qui clôturaient les repas de famille ont généré cette fibre qui s’est déclarée par la suite.
Pourquoi ai-je envie de photographier? Si certains photographes ont une réponse évidente à cette question, il n’en est pas de même pour moi. Je ne sais pas vraiment. Indépendamment du fait de figer des instants et des images qui me touchent, c’est plus encore le cheminement photographique qui m’attire, les rencontres, les longues errances solitaires. Mon approche de la photographie n’est pas figée. Je m’interroge souvent sur ce que je souhaiterais montrer et comment le faire. Finalement, tant mieux…
S’il est également des photographies qui, en un instant, vous marquent à jamais, ce fut pour moi Josef Koudelka et sa série Gypsies. L’exposition présentée à Arles fut une révélation, un truc indescriptible qui vous prend aux tripes et sonne comme une évidence : tout est là. D’autres encore, comme le travail époustouflant de Darcy Padilla sur Family Love, le Tokyo de William Klein, les errances américaines de Stephen Shore et William Eggleston… mais Koudelka restera à jamais celui qui aura révélé mon envie de revenir à l’argentique noir et blanc, que j’avais un temps délaissé au profit du numérique.
Ce retour au procédé argentique fut également une évidence. J’y retrouve cette notion de temps, d’une échelle différente des médias modernes, et une approche plus « artisanale » qui me correspond mieux.
© Emmanuel Ferrand- tous droits réservés